lundi 14 mars 2011

Rencontre avec Bruno Chaumier, un des derniers mohicans paysans

Ce mercredi 8 mars à la salle de Pomarey, c’est une assistance recueillie qui a écouté avec une réelle fascination Bruno Chaumier. Bruno est agriculteur, homme de la terre simplement, un peu philosophe. Ce producteur a été invité par « Le Panier Proveyzard », une association ayant pour vocation L’achat et la distribution de produits bio à ses adhérents.
C’est tout au fond de l’Espagne, loin des autoroutes, des mégapoles et des mers de plastique formées par les serres andalouses, que Bruno a posé son sac. Une terre protégée par des siècles de sagesse paysanne, les accès malaisés et un climat exceptionnel. A 70 km de Malaga, entre Méditerranée et Atlantique il a créé son jardin d’Eden, préservé de la chimie et de la mécanique d’une modernité mortifère.
Abrité par les montagnes de la Sierra della Nieve, bénéficiant d’une eau pure et joyeuse, le territoire a également été cultivé de manière traditionnelle douce. Il produit notamment des oranges, mandarines, clémentines, avocats, pamplemousses, citrons, amandes, noix de pécan tous cultivés sans intervention d’engrais, d’arrosage ou de taille. Ses fruits poussent librement et seule la symbiose végétale ou animale est tolérée. Les vergers sont indemnes de toute maltraitance.
Bien sûr, dans ces conditions, les rendements sont modestes et le travail, entièrement manuel, incommensurable. Mais l’homme s’en soucie peu. Ex-enseignant, lassé de ne pouvoir mettre en conformité son mode de vie et les principes qu’il enseigné, il a décidé «d’offrir» son travail à ses semblables et refuse de le prendre en compte dans son calcul des coûts. Son intérêt va bien plus aux goûts qu’aux coûts. Ainsi son enrichissement humain est inversement proportionnel à son appauvrissement économique. Car on vit mal du bio le plus pur.
Jusqu’à quand les Bruno Chaumier pourront-ils tenir ? S’agit-il des derniers des mohicans paysans? Osons espérer que nous assistons plutôt à la naissance d’une refondation qui profitera aux assiettes et à la santé de nos enfants.

Une filière en sursis
L’avenir de cette petite filière (il a quelques voisins embarqués dans le même mode de production) est plus qu’incertain. Les menaces sont nombreuses :
- Les variations climatiques entraînées par le réchauffement et qui inversent les flux entre Atlantique et Méditerranée,
- la pression foncière qui rend inaccessible aux petits producteurs les rares terres qui se libèrent, - la réglementation relative aux brevets et aux semences qui porte un coup mortel à la biodiversité,
- les aides à l’agriculture qui favorisent les grandes exploitations au détriment des petites,
- le maquis des organismes certificateurs qui ne garantit plus au consommateur l’assurance d’une réelle production entièrement biologique,
- l’augmentation des coûts, notamment du transport, qui plombe les comptes des petites exploitations qui ne sont pas en mesure de négocier,
- la concentration des circuits de distribution qui pèsent sur les prix et obligent à un stockage dommageable pour les produits,
des rendements insuffisants au regard des normes économiques modernes empêchant toute accumulation productive.

Repères : Le Panier Proveyzard :
C’est à l’initiative du «Panier Proveysard», une association regroupant une trentaine de familles du village que Bruno Chaumier est venu expliquer sa façon de concevoir et de réaliser une agriculture non agressive. Le Panier Proveysard a pour vocation d’acheter et distribuer des produits bio si possible locaux à ses adhérents. Une dizaine de fois par an, l’association centralise les commandes groupées de fruits et légumes, farines, agrumes, huiles, miel, etc. L’adhésion s’élève à 10€/an et peut s’effectuer auprès de l’association. Bruno Chaumier est fournisseur du Panier Proveysard.
Contact : lepanierproveyzard@yahoo.fr

1 commentaire:

Thérèse a dit…

J'ai rencontrée Bruno, un personnage hors du commun, je lui souhaite de tout coeur une réussite elle aussi hors du commun et lui dit merci d'avoir partagé ses connaissances avec nous un dimanche matin au gmilieu de ses cultives