Une réunion a eu lieu il y a quelques jours à Saint-Egrève réunissant des professionnels de santé. Ils ont fait le point sur le nombre de médecins actuellement en place, le devenir de ces professionnels dans les années à venir, ceci à l'échelle de notre canton. Vincent Paulus, journaliste au Dauphiné Libéré, couvrait l'événement. Voici le compte rendu qu'il a fait de cette réunion.
Quelques mois après sa création, les fondateurs de
l’Association de préfiguration d’un centre de santé multisite (APCS) sur le
bassin de vie de Saint-Égrève – six communes, lire par ailleurs – organisaient
ce lundi soir à la maison des associations une réunion à l’attention des
professionnels de la santé. Sur les quelque 130 professionnels libéraux
invités, 17 avaient fait le déplacement. Pas beaucoup ? « Si, plus de 10 % pour
une réunion tardive, alors que tous ont beaucoup de contraintes, c’est bien.
Toutes les professions étaient représentées (2 médecins, 6 pharmaciens, 3
kinés, 2 dentistes et 4 infirmiers), et c’est sans doute la première fois que
tous sont ainsi réunis, analysait Frédéric Jacquart, président de l’APCS. Et,
surtout, ces professionnels ont confirmé le diagnostic. » Car si l’APCS veut «
créer les conditions favorables pour l’ouverture d’un centre de santé », c’est
qu’effectivement il manque de médecins, comme le souligne le diagnostic
territorial réalisé (lire par ailleurs), à la demande d’APCS, par Oxance, une
“entreprise à but non lucratif de la mutualité” qui intervient dans 11
départements et gère 115 établissements, et notamment 8 centres de santé en Isère
dont 4 dans l’agglomération grenobloise (1 à Grenoble, 2 à Échirolles, 1 au
Pont-de-Claix). « Il n’y a ici plus aucun nouveau médecin pour remplacer ceux
qui partent à la retraite, témoigna une généraliste saint-égrévoise. Des
patients viennent chez nous en pleurs pour qu’on les prenne dans notre
patientèle, ça devient très compliqué pour nous. Pourtant, ça fait longtemps
qu’on alerte les mairies de cette situation. » Et les choses vont sans doute
s’aggraver dans les années à venir puisque 57 % des médecins sainté-égrévoise
ont plus de 55 ans…
*** Attirer les médecins…
*** Attirer les médecins…
« Le conseil départemental a classé 421 des 520 communes de
l’Isère – dont les 6 de notre bassin de vie – comme prioritaires, donc
éligibles à ses aides, car ces communes comptent moins de sept médecins
généralistes pour 10 000 habitants et qu’au moins la moitié des médecins ont
plus de 55 ans », expliqua Frédéric Jacquart. Le problème, « c’est que l’Agence
régionale de santé (ARS) ne considère pas notre secteur saint-égrévois en
carence de médecins du fait de l’offre de soins sur Grenoble, importante avec
le CHU et des cliniques privées », précisèrent les représentants d’Oxance,
Romain Boix et Steren Ravinet. « C’est donc à nous de démontrer à l’ARS – qui
donne son accord… ou pas – qu’il y a bien besoin d’un centre de santé sur ce
territoire », ajouta M. Jacquart. Les professionnels de santé présents (on
pourrait dire les professionnelles, tant les femmes étaient majoritaires en nombre)
ont posé moult questions pertinentes. « Pourquoi créer un centre de santé car
s’il manque de médecins, on est surdoté dans les autres professions,
infirmiers, kinés, etc. ? » Ou encore : « Comment allez-vous trouver les
professionnels, les attirer ici plus qu’ailleurs ? » Bonne question, car on
imagine qu’un médecin salarié, qui ne pourra pas faire plus d’une quarantaine
d’heures par semaine, n’aura pas la même rémunération que s’il exerce en
libéral à l’amplitude horaire qu’il souhaite. « Les professionnels de santé qui
viennent nous voir sont ceux qui ne veulent plus travailler plus de 40 heures
par semaine et qui ne veulent plus de la pression administrative et de
l’activité libérale », expliqua Mme Ravinet. Enfin, il semble que l’équilibre
économique d’un centre de santé soit difficile à trouver. Même si le grand intérêt
manifesté par les maires de notre territoire laisse espérer des aides des
communes. Bref, encore beaucoup de questions, et assez peu de réponses pour le
moment. « On espère finir le diagnostic territorial d’ici fin 2019, conclut M.
Jacquart. On se donnera ensuite 3 ou 4 mois pour définir notre modèle
économique. »
Vincent PAULUS
Il faut deux fois plus de médecins
Le bassin de vie de Saint-Égrève pris en compte par l’APCS correspond aux six communes du Sivom du Néron (Saint-Egrève, Saint-Martin-le-Vinoux, Le Fontanil, Quaix-en-Chartreuse, Proveysieux et Mont-Saint-Martin), soit une population globale d’environ 26 000 habitants. Voici les éléments clés qu’on peut retenir du diagnostic territorial réalisé par Oxance, après compilation de données de l’Insee et de l’ARS. Les plus de 65 ans représentent environ 30 % de la population, c’est plus que la moyenne nationale. Les deux principales causes de décès sur ce territoire sont, pour les hommes comme pour les femmes, les tumeurs et les maladies cardio-vasculaires. Les premières causes d’affection de longue durée (ALD) sont le diabète, les maladies cardio-vasculaires et les maladies psychiatriques, et le territoire présente des taux de prévalence d’ALD supérieurs aux taux régionaux. Il y a ici plus de familles monoparentales que la moyenne nationale : 15 % à Saint-Égrève et au Fontanil, 19 % à Saint-Martin-le-Vinoux. Sur la base de la moyenne nationale, les représentants d’Oxance indiquent qu’il y a 21 médecins généralistes sur notre territoire et donc qu’il en manque 18 pour être dans la moyenne nationale. Seul petit problème, les chiffres livrés lundi soir sont en partie dépassés, comme l’ont signalé plusieurs participantes à la réunion : à Saint-Martin-le-Vinoux, il ne reste pas 6 mais 3 médecins généralistes, et pas 4 mais 2 pharmacies. À Saint-Égrève, si une généraliste s’est installée voilà quelques mois, deux de ses confrères sont partis à la retraite. Le Fontanil, en revanche, comptera en janvier un second médecin. Conclusion : pour atteindre la moyenne nationale de la densité de médecins généralistes (152 pour 100 000 habitants, donc 39 pour 26 000 habitants), il faudrait, chez nous, plus que doubler leur nombre. Enfin, il y a sur le bassin de vie de Saint-Égrève 10 chirurgiens-dentistes, et il en faudrait 7 de plus pour atteindre la moyenne nationale.
Le bassin de vie de Saint-Égrève pris en compte par l’APCS correspond aux six communes du Sivom du Néron (Saint-Egrève, Saint-Martin-le-Vinoux, Le Fontanil, Quaix-en-Chartreuse, Proveysieux et Mont-Saint-Martin), soit une population globale d’environ 26 000 habitants. Voici les éléments clés qu’on peut retenir du diagnostic territorial réalisé par Oxance, après compilation de données de l’Insee et de l’ARS. Les plus de 65 ans représentent environ 30 % de la population, c’est plus que la moyenne nationale. Les deux principales causes de décès sur ce territoire sont, pour les hommes comme pour les femmes, les tumeurs et les maladies cardio-vasculaires. Les premières causes d’affection de longue durée (ALD) sont le diabète, les maladies cardio-vasculaires et les maladies psychiatriques, et le territoire présente des taux de prévalence d’ALD supérieurs aux taux régionaux. Il y a ici plus de familles monoparentales que la moyenne nationale : 15 % à Saint-Égrève et au Fontanil, 19 % à Saint-Martin-le-Vinoux. Sur la base de la moyenne nationale, les représentants d’Oxance indiquent qu’il y a 21 médecins généralistes sur notre territoire et donc qu’il en manque 18 pour être dans la moyenne nationale. Seul petit problème, les chiffres livrés lundi soir sont en partie dépassés, comme l’ont signalé plusieurs participantes à la réunion : à Saint-Martin-le-Vinoux, il ne reste pas 6 mais 3 médecins généralistes, et pas 4 mais 2 pharmacies. À Saint-Égrève, si une généraliste s’est installée voilà quelques mois, deux de ses confrères sont partis à la retraite. Le Fontanil, en revanche, comptera en janvier un second médecin. Conclusion : pour atteindre la moyenne nationale de la densité de médecins généralistes (152 pour 100 000 habitants, donc 39 pour 26 000 habitants), il faudrait, chez nous, plus que doubler leur nombre. Enfin, il y a sur le bassin de vie de Saint-Égrève 10 chirurgiens-dentistes, et il en faudrait 7 de plus pour atteindre la moyenne nationale.
Article publié dans le Dauphiné Libéré, édition du mercredi 2 octobre
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire