vendredi 19 mars 2021

À la ferme Vincendon, la quatrième génération reprend le flambeau

Voilà bientôt un an que Guillaume Vincendon a repris la ferme familiale et l’exploitation que gérait sa mère, une ferme à l’ancienne avec vaches, chèvres, poules, lapins et hirondelles dans l’étable. C’est la quatrième génération Vincendon puisque ce sont ses arrières grands parents qui se sont installés au cœur du village de Proveysieux, dans cette exploitation avec vue imprenable sur la vallée de l’Isère et le Vercors. « On ne voulait pas que ça s’arrête et que tout parte en friches, on exploitait depuis si longtemps… », précise-t-il. Aussi, après avoir racheté la maison de ses grands-parents, Guillaume a fondé une famille et avec son épouse Anne-Laure, ils ont donc décidé de continuer la tradition familiale. 

Guillaume Vincendon dans son étable où il ne garde, pour l’instant que 5 à 6 Villardes


Vivre d’une ferme à Proveysieux, c’est compliqué, il est préférable d’être double actif, comme l’étaient son père et son oncle qui ont assuré l’élevage bovin jusqu’à leur retraite. Il travaille donc à l’entreprise de travaux publics Termat, fier d’assurer, entre autres travaux, le déneigement des routes communales de son village. Mais il lui faut quand même consacrer environ une heure et demie chaque jour à son exploitation agricole.

Aidé par ses deux enfants

Son oncle avait un troupeau de vaches Villardes, fort d’une trentaine de bêtes au mieux, qu’il montait chaque été jusqu’aux prairies de Charpenet, dans les hauteurs. Cette race plutôt docile est issue du Vercors, comme son nom l’indique. Elle est réputée pour son lait riche et sa viande goûteuse. C’est justement la viande, steaks hachés ou pot au feu, que Christian, son oncle, vend toujours en circuit court. Guillaume n’en a gardé qu’une poignée, car il compte plutôt se lancer dans l’élevage caprin qu'il pratiquait déjà précédemment. Fort d’une dizaine de bêtes, son élevage commence doucement, comptant bien, à terme, produire et vendre des fromages qu’il teste en famille. Il est d’ailleurs bien aidé par Lucie et Maxime, ses deux plus jeunes enfants, qui sont souvent autour des chèvres, mais aussi des poules, canards et lapins, une fois le travail scolaire effectué. Lucie, 11 ans, très enthousiaste, n’hésite d’ailleurs pas à déjà envisager… la cinquième génération sur la ferme.

Lucie et son jeune frère, aident bien leur père une fois le travail scolaire effectué.

Pour l’instant, l’installation reste assez rustique et avant de développer l’exploitation et augmenter son cheptel, Guillaume envisage plutôt de faire quelques rénovations et travaux sur les bâtiments afin de se faciliter la tâche. « Je suis en rodage, j’essaie de prendre mes marques ! », précise Guillaume enthousiaste. Faire du bio, faut voir, c’est dans l’air du temps et demandé par les consommateurs. « On met assez peu d’apport, de l’engrais pour refaire partir l’herbe, des granulés aux lapins quand ils ont des petits, mais sinon c’est de l’herbe et des branches feuillues pour chèvres et lapins... ».

La ferme Vincendon ne demande qu’à poursuivre son activité et les habitants, ainsi que l’équipe municipale récemment élue, sont heureux que Guillaume ait choisi de poursuivre son existence.

Une ferme dans la METRO, pas toujours facile !

S’occuper d’une ferme et l’exploiter en 2021, c’est loin d’être simple. Quand on est situé dans le périmètre de la METRO, à quelques kilomètres de l’agglomération, ça peut devenir compliqué. Depuis le confinement, nombreux sont les randonneurs qui choisissent les sentiers proveysards pour s’aérer et faire du sport, ceci parfois au détriment des parcelles où s’ébattent les animaux, mais qui sont aussi fauchées à la belle saison. « L’herbe est une culture », c’est le message que veut faire passer Guillaume, sans animosité, mais surtout dans un souci d’informer les citadins.

Le troupeau de Villardes (du temps de Christian), sur les hauteurs du village dans les pâtures dominant la vallée de l’Isère et l’agglomération.
Autre souci pour cet agriculteur/éleveur, la présence importante d’animaux sauvages sur le Sud Chartreuse. « Les mouflons passent juste au-dessus du village, ils arrachent les parcs, couchent les grilles et font descendre les cailloux. Ici, sur les pentes, on a peu de terre et les piquets sont difficiles à planter… notre travail est vite mis à mal », précise Guillaume. 

Les dégâts de sanglier, importants sur dans les pâtures de l’exploitation retardent la pousse de l’herbe.

Et puis il y a surtout les sangliers qui retournent complètement les parcelles, notamment sur les prairies de Charpenet, où son oncle parquait ses Villardes. Maintenant,comme chaque printemps, c’est complètement labouré et l’herbe met du temps à repousser, ce qui retarde la mise en champs des vaches. Conjugué avec la quasi-absence d’eau sur le site, les conditions sont devenues très difficiles. Élus et habitants, réunis au sein d’une commission municipale agricole, réfléchissent toutefois à chercher et attirer un nouvel exploitant sur ces parcelles pour éviter que les paysages du village de Proveysieux, déjà fortement boisés, ne se ferment complètement.

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