vendredi 12 avril 2013

La crèche associative en situation délicate

L’ensemble vocal « La Manfredina »
Vendredi dernier, un concert de soutien à la crèche associative de Quaix en Chartreuse a été organisé à l’église de Proveysieux, l’occasion de découvrir l’ensemble vocal « La Manfredina », un groupe issu d’un des ateliers de l’ADMAT (Atelier de Danses, Musiques et Arts Traditionnels). Dirigé par Michel Lebugle, c’est un programme de musiques sacrée et profane, de chants de la Renaissance qui a été interprété par une quinzaine de choristes.
Le public, trop peu nombreux, où les parents de jeunes enfants étaient malheureusement peu représentés, était venu pour soutenir la crèche « Lou P’Tiots », une structure qui accueille une vingtaine d’enfants de Quaix en Chartreuse et Proveysieux tout au long de l’année.
Cette crèche, créée en 1985, dispose actuellement d’un budget de 250.000 €. Ses ressources sont issues à 66 % de la CAF (Caisse d’Allocations Familiales) et des familles mais aussi du Conseil Général pour 15 %. Celui-ci vient d’annoncer son désengagement dans les trois années à venir, avec une suppression de la subvention de 36.000 € qu’il apportait jusqu’à présent. Dès cette année, la baisse devrait donc être de 11.000 €. Il est à noter aussi l'excellent taux de remplissage avec des inscriptions déjà closes pour la rentrée 2014 et à 80% pour 2015.
Du côté des parents bénévoles et bien sûr des salariés, cette annonce a fait l’effet d’une douche froide. La crèche emploie actuellement six personnes, quatre à temps complet (35 h) et deux à temps partiel (30 h). La plus grosse part du budget concerne bien évidemment cette masse salariale.
Evelyne Gautier, directrice depuis 16 ans de « Lou P’Tiots », reste assez optimiste et sereine, même si elle sent bien que l’avenir s’annonce compliqué. « La crèche ne peut pas dégager de ressources, la législation ne lui permet pas d’augmenter ses tarifs, elle va se trouver dès cette année dans une situation de crise financière. Si on déroge à cette règle, on perdra les aides de la CAF ».
La crèche de Quaix n’est pas la seule concernée, elles sont 49 impactées par cette décision budgétaire sur le département. « Nous faisons partie d’un collectif départemental qui lui-même est réuni dans le Collectif National « Pas de bébés à la consigne », un collectif qui milite pour un plan d’urgence en faveur de l’accueil de la petite enfance » (voir ci-dessous). Une action collective pourrait être une porte de sortie pour cette crise.

 
Évelyne Gautier est directrice de la crèche depuis 16 ans
La position des communes

Une réunion a eu lieu récemment entre les élus des deux communes de Quaix et Proveysieux, des représentants de la CAF et la crèche. Pour les deux communes qui sont cosignataires d’une convention de fonctionnement, il semble difficile de prendre en charge un investissement supplémentaire. Pour Christiane Raffin, maire de Proveysieux « rien n’est encore décidé. On va déjà avoir la mise en place des rythmes scolaires à partir de 2014, ce qui va coûter cher aux communes. On peut difficilement s’engager dans la durée. » La mairie de Quaix, qui participe déjà aux charges supplétives de la crèche n’est pas non plus dans cette démarche. Margo Merle, adjointe au maire, est sur une position ferme : « La crèche est très importante pour nous, elle est vitale. Si la crèche ne marche plus, l’école s’effondre et plus personne ne vient s’installer à Quaix. C’est une structure qu’on ne laissera pas partir…». Dans l’immédiat, les deux maires ont décidé de faire un courrier à la CAF en leur demandant une implication supplémentaire dans leur budget.



Le Collectif « Pas de bébés à la consigne »

Au niveau national, la situation actuelle analysée par ce Collectif reste marquée par un décalage important entre l’offre et les besoins d’accueil des familles puisque les modes d’accueil proposent environ 1 055 000 places aux 2 400 000 enfants de moins de trois ans. Cela correspond en gros à une place pour deux enfants de moins de 3 ans. L’offre d’accueil chez les assistantes maternelles a augmenté de 6% par an depuis 15 ans (513 000 places nouvelles) alors que sur la même période l’offre en Établissements d’Accueil du Jeune Enfant (EAJE) a augmenté de 2% par an générant 89 000 nouvelles places. Ainsi les assistantes maternelles offrent 28,2 places pour 100 enfants de moins de 3 ans et les EAJE 15,1 places. Enfin l’offre de scolarisation des enfants de moins de trois ans a régressé de 6% par an depuis 15 ans avec une perte de 149 000 places d’accueil.

De nombreuses sources concordent sur l’estimation globale d’environ 400 000 places manquantes pour accueillir les enfants de moins de 3 ans.



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