Il y a un siècle, Proveysieux, tirait une partie de ses ressources de l’extraction de la terre réfractaire, faisant vivre ainsi beaucoup de ses habitants. En cette année 2019, soit près de 80 ans après la fin de cette exploitation, on a du mal à imaginer son ampleur.
Carte postale ancienne représentant la gare d'arrivée du câble de la carrière de Crozet |
Un wagonnet qui servait au transport de la terre réfractaire |
L’exploitation de cette terre réfractaire commença vers 1870 avec des chantiers situés de part et d’autres de la vallée du Tenaison, sur la route du col de la Charmette. Crozet et Grandchamp, côté rive droite, Girieu, les Fourneaux, Morachiat et Champbelin sur l’autre versant. Malgré sa distance de la plaine et les difficultés pour son exploitation, cette ressource naturelle trouva immédiatement des débouchés industriels. La grosse métallurgie, qui s'était développée tout au long du XIXème siècle, avait précisément besoin de produits réfractaires pour fabriquer des briques et tapisser l'intérieur des fours. Aussi « la terre de Proveyzieux », de qualité excellente, fit-elle des envieux et trouva-t-elle toujours des débouchés supérieurs à la production.
Vestige des tuyaux d'acier qui servaient à descendre la terre |
Une poulie encore sur place |
La carrière de Crozet |
Une terre d’excellente qualité
L'exploitation fut, pendant de nombreuses années, une source de revenus importante pour les Proveyzards. Dans chaque famille, un ou plusieurs hommes étaient occupés à la terre, soit dans les carrières elle-même, soit comme voituriers pour son transport.
Au début du XXème siècle, des camions automobiles commencèrent à remplacer les tombereaux à bœufs, au grand dam des cabaretiers, nombreux sur le village, qui virent leur activité baisser soudainement. Mais ce furent les éléments naturels qui donnèrent réellement un coup d’arrêt à cette activité au printemps 1941 : l'éboulement de la route, en amont de Pomarey, interrompit tout transport, donc aussi l'extraction de la terre. La reconstruction de cette voie ayant tardé plusieurs années, les installations se détériorèrent, devinrent vite inutilisables et les carrières furent donc abandonnées.
Tunnel d'accès à une des carrières de Girieu |
L’exploitation reprit après guerre où un camion transportait chaque jour à la gare de Saint-Egrève un peu de cette argile de Proveysieux qui, mélangée à une terre de moindre qualité venue de St-Nazaire-en-Royans afin d'améliorer la valeur de cette dernière et surtout d'en justifier le prix, était vendu sous le nom de « Terre de Proveyzieux ».
Tunnel d'accès à une des carrières de Grandchamps |
Des carrières encore bien visibles
La terre de Champbelin glissait d’abord dans des couloirs de bois. Celle de Girieu dans des tuyaux d’acier de 40 cm de diamètre, dont on trouve encore quelques tronçons sur place. Au Grand Champ, il y avait des plans inclinés sur lesquels couraient des wagonnets sur des rails. Le wagonnet plein faisait remonter le vide. Puis on installa des câbles et un certain nombre de constructions pour assurer toute la logistique de ces carrières. En parcourant les différents sites, on peut encore trouver énormément de traces, vestiges et pièces détachées : poulies, câbles, tunnels, wagonnets, poudrière, bâtiments, etc.
Le chemin étant pénible pour monter à Grandchamp, aussi quelques ouvriers, trompant de surveillance de leurs chefs, utilisait le téléphérique. On raconte qu'un ouvrier de Proveysieux était ainsi un jour tombé dans le ravin.
La gare de départ du câble de la carrière de Crozet. |
Pour atteindre les filons de terre réfractaire, entre les rochers, il fallait creuser des galeries, un travail très dur qui se faisait en hiver afin que les ouvriers puissent extraire la terre aux premiers beaux jours. Les ouvriers, munis de piques, pioches et pelles travaillaient 10 à 12 heures par jour et environ 20 jours par mois. Il y avait une trentaine d'ouvriers venant pour la plupart des hameaux de Proveysieux, surtout ceux du haut : Planfay, Pomarey, Le Gua.
Une trentaine de voituriers charriaient cette terre dans de grands tombereaux traînés par des bœufs ou des chevaux. Ils menaient la terre jusqu’à la gare de Saint-Égrève par un chemin chaotique qui n’était pas encore la route départementale.
La cabane du contremaitre est toujours debout |
Sources : « Au Pays de Chartreuse : Proveyzieux » Hélène Paquet-Rivière
L'exploitation de la terre réfractaire – Jean Michel Diebolt
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