Le feuilleton de l'été 2020,
Dimanche 10/08
Situation stable sur le Néron mais l’incendie n’est toujours pas circonscrit. On croit alors à une fin rapide, mais des fumées se dégagent de tous les côtés du massif, aussi bien sur Quaix qu’à Saint-Egrève. Dans la plaine, un grand élan de solidarité apparaît autour des sinistrés.
Lundi 11/08
112 sapeurs-pompiers restent mobilisés sur le terrain pour faire face à tout départ d’incendie ; «du fait de la nature du feu, il convient de rester vigilant», précise un responsable. De l’autre coté de la vallée, à Sassenage, un autre incendie se déclare en pleine zone habitée. Un feu d’importance se poursuit aussi à Pont-en-Royans, dans le Vercors, depuis le 20 juillet. Sur le Néron, 175 hectares sont déjà partis en fumée, sur les 800 ha du massif.
Mardi 12/08
Vers 3h30 du matin : les deux feux de notre côté du Néron s’étant réactivés, des équipes de pompiers, en provenance de l’Ain, qui avaient travaillé toute l’après-midi jusqu’à 23h00, sont remontées au feu.
Vers 11h15 du matin : passages de deux canadairs, temporairement détournés de leur lutte contre l’incendie de Pont-en-Royans, pour rabattre les fumées et permettre à l’hélicoptère et aux pompiers au sol de travailler avec une meilleure visibilité.
En début d’après-midi, l’hélicoptère est détourné sur d’autres incendies en particulier sur un départ de feu vers Hurtières.
Vers 16h00 : retour de l’hélicoptère qui reprend ses rotations. En fin d’après-midi, l’équipe qui s’occupait du feu au-dessus du Foyer Départemental s’est repliée. Un pompier a été blessé par retour de flammes.
A 18h00, réunion technique : l’incendie est étendu mais contenu par des moyens et une vigilance extrême des 100 pompiers au sol. Dans la nuit, forte recrudescence de l’incendie au-dessus du Foyer. Huit véhicules viennent en renfort. Au petit matin, recrudescence du feu au-dessus de Champy, envoi de personnel et de matériel.
Mercredi 13/08
Matin : importante fumée dans toute la plaine de l’Isère, à proximité du Néron. Il s’agit de la fumée de l’incendie qui stagne du fait des vents thermiques.Vers 10h00, les pompiers au sol assistés de quatre bûcherons de l’ONF défrichent une partie de la voie romaine derrière Champy.
Entre 12h et 13h00, violent retour de flammes au-dessus du Foyer et au-dessus des premières maisons du Muret. Ces quartiers sont évacués.
15h00 : deux canadairs arrivent sur site et commencent les largages à proximité de l’incendie du Muret.
Vers 16h00, le feu se réactive brusquement au-dessus de Champy. Les canadairs se détournent alors du Muret où la situation est contenue par les pompiers au sol et commencent les largages d’eau. Les pompiers se positionnent sur la route de Quaix (interdite à la circulation), pour lutter contre le feu. La circulation montante vers Quaix est détournée sur Proveysieux. Ce que les gendarmes ne savent pas, c’est que les travaux sur l’éboulement de Bréduire ont conduit l’entreprise à fermer aussi notre route quelques jours plus tôt. Les habitants de Quaix et des hameaux du haut de Proveysieux ne savent plus comment rejoindre leurs habitations !
Vers 18h00, devant le développement rapide de l’incendie, arrivée des moyens aériens supplémentaires : ce sont en tout quatre canadairs (qui font le plein à Paladru), et trois hélicoptères bombardiers d’eau, qui effectuent des rotations principalement au-dessus des quartiers du Muret, de Champy et des secteurs se trouvant face à Rigaudière. Les missions aériennes se poursuivent jusqu’à environ 20h30, à raison d’une rotation toutes les 2 à 4mn30.
Dans la soirée, déploiement progressif des renforts de forces au sol. A Saint-Egrève de nombreux habitants sont évacués pour la nuit. Vu de Proveysieux, le spectacle est grandiose. De nombreux badauds sont d’ailleurs répartis tout au long de notre route départementale et dans les prairies autour de la Grange Haute, certains, la cigarette au bec !! L’angoisse monte dans les premières habitations de Quaix.
Dans la nuit, maintien d’une forte vigilance des pompiers sur le Muret, sur Champy et la route de Quaix, toujours fermée. Dans ces deux derniers endroits, l’incendie reste virulent. 96 pompiers supplémentaires arrivent sur site ; il y a maintenant 230 personnes et 80 véhicules pour combattre l’incendie du Néron.
Jeudi 14/08
Gros titre dans le Dauphiné Libéré en Une sur six colonnes : « La bataille du Néron continue ». Quelques jours plus tôt, les pompiers affirmaient pourtant avoir maîtrisé cet incendie.Dès le matin, mise en place progressive du dispositif au sol. Les deux hélicoptères bombardiers d’eau commencent leurs rotations pour traiter les abords des parties brûlées la veille.
Vers 11h00, arrivée de deux avions « Fokker » qui vont déverser du retardant toute la journée sur les pentes du Néron, en particulier la pointe Nord, où le risque de voir l’incendie s’étendre sur Quaix-en-Chartreuse reste toujours très important.
Vers 17h30, de fortes bourrasques de vent précédent un orage de courte durée.
Quelques points chauds se réveillent mais sont rapidement traités. La pluie d’orage vient à point pour rafraîchir l’atmosphère et permettre une plus grande maîtrise du feu.
Vers 20h45, à l’arrêt des rotations des « Fokker » et des hélicoptères, le dispositif de vigilance au sol se renforce. Les prévisions de la météo pour la soirée et la nuit font l’état de fortes bourrasques de vent et d’orage violent. Il y a donc un risque non négligeable de reprise du feu, les pompiers demandent donc que l’arrêté d’évacuation soit maintenu.
Dans la nuit, l’effet des retardants, des traitements des zones incendiées par les pompiers au sol et d’une météo finalement favorable (pluie d’orage et relative fraîcheur nocturne), amène une certaine accalmie.
On en est désormais à 260 hectares brûlés. 100 personnes sont toujours évacuées. Sur Proveysieux, l’inquiétude est grandissante surtout quand on observe la couleur de la montagne au-dessus de Rigaudière-Garcinière. La mairie décide d’interdire l’accès à tous les sentiers du versant opposé au Néron.
Vendredi 15/08
Toute la journée, les équipes se succèdent pour commencer à sécuriser les abords des habitations évacuées : travail à la lance, désouchage, abattage de certains arbres etc. Ces opérations sont compliquées par la nature du terrain (risques d’éboulis incandescents) et la pente rapidement très raide.
Trois hélicoptères bombardiers d’eau interviennent toute la journée pour éteindre les fumerolles, prévenir d’éventuels départs de feu et surveiller l’ensemble du site du Néron. L’essentiel du travail se faisant au sol, l’intervention d’avions n’a pas été nécessaire.
Dans la soirée, le temps toujours calme (absence de vent) autorise la mise en place d’une opération très lourde de sécurisation des abords des habitations : il s’agit de profiter de la fraîcheur de la nuit pour gorger d’eau les terrains les plus proches des habitations. L’opération se poursuit pendant une partie de la nuit et s’accompagne d’un dispositif de vigilance sur l’ensemble du Néron.
Samedi 16/08
La fraîcheur apportée par la nuit permet aux pompiers d’attaquer le feu au sol dans toutes les parties accessibles du massif. C’est un travail «invisible » pour la plupart des habitants car les pompiers travaillent sous le couvert de la forêt. C’est aussi un travail risqué puisque des braises très fortes se trouvent sous les rochers et sous l’humus, même dans les parties apparemment non touchées par l’incendie. Le feu peut donc reprendre à l’occasion des opérations de sécurisation. Les hélicoptères interviennent toute la journée sur les fumerolles et les zones chaudes.
Vers 18h30, presque tous les habitants de Saint-Egrève concernés par l’incendie ont regagné leurs domiciles. «On se serait cru au pied d’un volcan » dit une riveraine.
(...) à suivre jusqu'à fin août 2020...
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