C’est
une sortie un peu hors normes qui a
été proposée le week-end dernier par la commission patrimoine et sentiers de la
commune, une invitation à la découverte des anciennes carrières de terre
réfractaire, un temps fort de l’activité préindustrielle du XXe siècle.
Le site de la carrière de Crozet en juillet 1937
C’est une activité qui a employé de nombreux habitants du village, suite à la
découverte de la terre réfractaire dans ces carrières et leur exploitation dès
1874. Ce matériau fut notamment exploité pendant de nombreuses décennies pour
les fours dans les fonderies spécialisées, dans les moules de pièces
d’artillerie, mais aussi pour fabriquer des briques et tapisser l’intérieur des
fours.
Laurent Surmely, historien, expliquant le contexte patrimonial au départ de la balade Laurent Truche, enseignant à l’université Grenoble Alpes, expliquant le contexte géologique de la vallée du Tenaison
Réparties de part et d’autre de la vallée du Tenaison, on en trouve encore les
traces et certains vestiges. Grâce aux importantes recherches menées par
Laurent Surmely, historien et habitant de Proveysieux, mais aussi de Laurent
Truche, professeur en ressources minérales et énergétiques à l’Université
Grenoble Alpes, une trentaine de personnes a pu notamment découvrir la carrière
de Crozet située en contrebas de la montagne de Chalves, non loin du lieu-dit
« Les Marcellières ». Sur ce site, on trouve encore des galeries, la cabane des
contremaitres, un câble téléphérique et sa station supérieure, des bâtiments
particulièrement bien conservés, ainsi que divers vestiges. Une photo de
l’époque, présentée lors de la sortie, montre l’importance de l’exploitation.
Le groupe devant la maison des contremaitres, un bâtiment qui n’a pas subi le temps. Transport de terre de la carrière à la gare
Lors de la conférence qui a suivi cette visite, Laurent Truche a expliqué le
contexte géologique de la vallée, se mettant à la portée de tous pour une
approche scientifique très didactique et passionnante, pas toujours évidente
pour les non-initiés. Laurent Surmely a enchaîné, plongeant ses auditeurs dans
cette histoire locale méconnue. Pour se rendre compte de l’ampleur de cette
activité, il faut savoir que vers 1895, sur la douzaine de carrières de terre
réfractaire iséroises, et une production annuelle de 7 000 à 8 000 tonnes,
celles de Proveysieux en fournissaient la moitié. Nombreux étaient les
Proveysards qui louaient leurs services avec des revenus complémentaires non
négligeables pour ces paysans, que ce soit à la mine ou pour le transport par
charrettes tombereaux tirées par des bœufs. De même, des entrepôts dédiés
furent construits par les exploitants à la gare de Saint-Égrève/Saint-Robert,
notamment par les entrepreneurs Fumet, Trouillon ou Gadot et Martin. Dans ses
recherches, Laurent Surmely a pu notamment réunir plusieurs documents (photos
et cartes postales, factures, extraits cadastraux) aux Archives Départementales
mais aussi chez les familles proveysardes.
La gare basse d'un câble provenant des carrières
Cette activité a subi un lent déclin au début du XXe siècle avec l’arrêt
successif des différentes carrières sur Girieu et Mont Rachais, mais aussi sur
Grandchamp et Crozet. Sur cette dernière, huit ouvriers ont tout de même
extrait 3 000 tonnes de minerais en 1935. Cette activité prit pratiquement fin
en 1941 suite à un éboulement en amont du hameau de Pomarey, interrompant tous
transports, donc l’extraction de la terre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire