dimanche 14 février 2016

A la redécouverte du patrimoine maraîcher, fruitier et céréalier de Chartreuse

Des fruits et légumes en voie de disparition ?
Qui se rappelle encore de la courge blanche du Dauphiné, du haricot cerise, de la laitue rouge de Grenoble ou du maïs Crolles. Peu de monde en Chartreuse, sinon quelques anciens jardiniers amateurs qui produisent leurs plants et graines chaque année et qui ont conservé ces variétés d’espèces de légumes disparues qui l’on ne retrouve maintenant que dans les conservatoires botaniques.
Pour pallier à cette disparition presque annoncée, le PNR de Chartreuse lance une opération scientifique participative et innovante autour de la redécouverte du patrimoine maraîcher, fruitier et céréalier.
Au cours du mois de février, cinq réunions ont été programmées dans différentes communes du massif, dont une à Proveysieux qui a rassemblé 25 personnes, spécialistes ou pas du jardin potager familial.
Les jardins proveysards produisent abondament
Cette conférence était animée par Stéphane Crozat, ethnobotaniste au Centre de Ressources de Botanique Appliquée (CRBA) de Lyon. Visiblement animée d’une passion pour le monde végétal, l’orateur a réussi à captiver son auditoire en expliquant de manière très détaillée comment l’industrie grainetière, sous prétexte d’aider les agriculteurs et les jardiniers amateurs, a modifié les semences à coups de transformations génétiques pour les rendre plus résistantes ou plus prolifiques. « Selon la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture), nous avons déjà perdu 75 % de la biodiversité alimentaire entre 1900 et 2000 » précise Stéphane.
Stéphane Crozat a passionné son auditoire
L’opération lancée par le Parc, le CRBA, mais aussi l’association « Jardins du Monde - Montagne », devrait s’étaler sur deux années.
La première année sera consacré à la collecte de données auprès des agriculteurs, jardiniers, restaurateurs, acteurs du patrimoine et du tourisme, membres d’associations ou simples habitants de Chartreuse possédant des connaissances sur les variétés locales ou intéressés par la biodiversité agricole locale et ses valorisations. Il s’agit de retrouver, à l’échelle du massif de Chartreuse, les variétés locales jadis cultivées pour leurs différentes qualités (adaptabilité au milieu, qualités nutritionnelles et gustatives…) et de les proposer dans les exploitations et donc … in fine sur les marchés et dans les assiettes de chacun. Ce sera l’étape suivant qui débutera en 2017.

« A vos potagers, prêts, semez ! », une opération scientifique participative


Pour cette enquête de terrain, il s’agit donc de rechercher les fruits, légumes, céréales, plantes fourragères, fleurs, encore présentes aujourd'hui ou utilisées dans le passé afin d'identifier le patrimoine cultivé végétal local d'origine, et d'envisager les exploitations économiques qui pourraient émerger de ces nouvelles ressources. Les partenaires sont aussi en quête de documents, tels que photographies et cartes postales, anciens catalogues de végétaux et tous autres outils liés à des pratiques ou des techniques agricoles particulières, mais aussi des semences. Les données de l’étude permettront, en 2017, d'établir une liste de végétaux caractéristiques du Parc de Chartreuse et de connaître les variétés qui lui sont adaptées. L'identification des acteurs et des usages donnera la matière concrète pour faire des propositions de valorisations tout d’abord en direction des agriculteurs.

2 commentaires:

Neuelsässerin a dit…

Il y a 40 à 50 ans, mon père achetait à un paysan de Quaix, au marché de la place saint-André, de délicieuses petites pommes très rouges à la chair blanche, qu'on appelait "pommes de fer". Est-ce qu'on en trouve encore?

Alain Provost a dit…

Oui, il y en a encore sur le Balcon Sud de Chartreuse. On les appelle pomme fer...