mardi 26 novembre 2024

Une histoire de la Vence au fil des siècles

Récemment, l’Association HPVNC proposait une nouvelle causerie avec comme thème la Vence, cette rivière qui traverse Saint-Egrève du nord au sud. Catherine Luc, ancienne archiviste à la mairie de la commune a entrepris des recherches, - toujours en cours - sur ce torrent impétueux, dont on connait surtout la partie basse entre l’Infernet et son embouchure dans l’Isère. Avant d’atteindre la vallée de l’Isère, il faut savoir que la Vence prend sa source à 1394 m, vers le col de l’Émeindras, dévale les pentes de Chartreuse, passant ainsi par cinq communes : le Sappey en Chartreuse, Corenc, Quaix en Chartreuse, Proveysieux et Saint-Égrève, soit un parcours de 18 km, grossissant son débit avec plusieurs affluents.

Dans la traversée de la commune de Corenc
De sa traversée Saint-égrévoise, on connaît les gorges de l’Infernet et ses cascades, les « prises », où de nombreux habitants ont appris à nager. On connait aussi le Pont de l'Oule, où elle alimente une centrale hydroélectrique créée en 1892 par Félix Poulat, ancien maire de Grenoble sans oublier le célèbre canal des Usiniers qui apparait et disparait à différents lieux de la commune.

La conférencière est également revenue sur les différentes activités agricoles et industrielles qui se sont développées tout au long de son parcours : brasseries, papeteries et autres tanneries qui étaient à l’origine de pollutions, un mot sans doute peu usité à l’époque. Il faut savoir qu'il y a deux siècles, une majorité de Saint-Egrévois n’avaient que l’eau de la Vence pour s’alimenter et nourrir le bétail, sachant qu’il n’existait quasiment pas de fontaines. Pour lutter contre cette insalubrité, Adolphe Muguet, ingénieur de travaux publics et entrepreneur, eut l’idée d’aller chercher l'eau potable beaucoup plus haut, dans le vallon du Tenaison, captant les sources de Bréduire en 1859 et du Chatelard en 1864 sur Proveysieux.

Catherine Luc, commentant une ancienne carte de Cassini, datant du XVIIIe siècle, où apparaissent la Vence et ses nombreux bras avant de rejoindre l’Isère.

Catherine Luc nous a aussi fait découvrir en images et à travers des documents anciens, l’histoire de cette rivière qui, au fil des siècles, a fortement divagué dans la plaine, causant crues dévastatrices, inondations, destructions d’ouvrages et épidémies. La Vence choisissait son parcours, créant ce que l’on appelle des brassières, s’invitant dans la plaine agricole au grand désespoir des paysans.

Ce n’est qu’au début du XVIII° siècle, après de fortes crues en 1812 et 1813, qu’un projet général de redressement de la Vence fut décidé, forçant le torrent à une direction invariable et rectiligne de La Monta à l’Isère, mettant fin à ces divagations si funestes aux habitants. Ainsi maitrisée, les riverains purent profiter pleinement de ses avantages.

L'actualité récente, liée au dérèglement climatique, montre que de simples rivières peuvent encore entrainer des catastrophes. Quand on se penche sur la géographie du site de la Vence, avec un basin versant important, on peut toujours imaginer une Vence dévastatrice.

Repères : L’association HPVNC (Histoire et Patrimoine Vence Néron Cornillon) proposera plusieurs autres causerie au fil des mois, notamment une soirée présentée par Bernard Gouteraud consacrée à la "la houille blanche " le vendredi 31 janvier 2025, au cinéma la Vence Scène.

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