Il paraît assez difficile d’imaginer qu’il y a 120 ans une ligne de tram permettait déjà de relier Grenoble à Voreppe, en passant par Saint-Égrève.
Pour cette concession, la SGTE (Société Grenobloise des
Tramways Électrique) dépose une demande et, le 12 mai 1900, la ligne est
donc mise en service. Elle le restera jusqu’en juin 1951. Elle quitte
Grenoble pour rejoindre Voreppe avec un embranchement à Saint-Égrève, au
niveau du Pont de Vence pour gagner la Monta. À cette époque,
l’engouement pour les trams était telle que le public demande que la
ligne se prolonge jusqu’à Voiron.
La place Grenette a donc été choisie comme point de départ. Le tramway emprunte successivement les rues
Félix-Poulat, Docteur Bailly et Clot-Bey avant de parcourir une partie du
boulevard Gambetta, le pont de
l'Esplanade, le quai de France et la route nationale 75 jusqu'à Voreppe.
Le passage du tramway au-dessus du Pont de Vence. A cet endroit, un embranchement permettait de rejoindre le vieux bourg de La Monta. |
Sur une voie unique, les rames, composées d’une voiture et de deux wagons, partent donc de la place Grenette, le premier en direction de la Monta, le suivant en direction de Saint-Robert et Voreppe (terminus, début de la Grande Rue). La rame montante croise la rame descendante à l’arrêt Bellecroix (près de l’arrêt Buisseratte actuel) où la voie est à double sens. Elle doit souvent y stationner un moment pour attendre la rame arrivant en sens inverse.
Une ligne qui va aussi à La Monta
D’une
longueur de 14,367 km, les trams traversent ainsi Saint Martin le
Vinoux, Saint-Égrève, Fontanil-Cornillon pour un trajet qui comporte 22
arrêts non obligatoires. Si un voyageur souhaite descendre, il indique
son intention au cocher (on est encore bien marqué par les transports
hippomobiles !), avant qu’on ne l’appelle wattman.
Sur Saint-Martin
le Vinoux, le tram monte dans le village car la déviation évitant le
vieux bourg n’existe pas encore. Sur Saint-Égrève les arrêts sont Le
Muret, Chemin des Moutonnées, Pont de Vence, Le Bourg, Saint-Robert,
Descente du Bonnet et Roche Plaine. L’embranchement vers La Monta, qui
part du Pont de Vence, mesure 1,143 km et ne comporte que trois arrêts :
Cuvilleux, Basse Monta et La Monta terminus.
Le nombre minimum de
voyages quotidiens est de 15 et la durée du parcours de 31 minutes pour
Saint-Égrève et 50 minutes pour Voreppe. Dès la mise en service, les
utilisateurs, maraîchères et ouvriers, ont souhaité un premier départ
tôt le matin, demande satisfaite puisque le premier tram part à 5 h 50
de La Monta pour une arrivée à 6 h 27 Place Grenette. Pendant plusieurs
décennies, ce tram fera le bonheur de beaucoup de monde.
Le terminus du tramway à La Monta. L’embranchement part du Pont de Vence, mesure 1,143 km et ne comporte que trois arrêts : Cuvilleux, Basse Monta et le terminus. |
À la fin de la guerre de 14-18, le réseau est en mauvais état, faute d’entretien et de fourniture de produits de remplacement. Le matériel roulant est délabré, les voies sont à refaire et la SGTE ne se précipite pas pour faire des travaux, d’autant plus que la fréquentation est en chute libre, concurrencée par les autocars. Première décision, la fermeture de la gare de la Monta et son embranchement. La section Saint-Robert – Voreppe, quant à elle, sera fermée en 1938 et la ligne complètement supprimée le 8 février 1951. Motrices et remorques, inchangées depuis l’ouverture de la ligne, seront définitivement remplacées par des autobus.
Le long de l'Isère à Saint Martin le Vinoux |
Il y a sans doute eu plusieurs raisons : les autobus, on l’a dit. Les automobiles, nouveau moyen de transport, de plus en plus nombreuses, étaient gênées par les tramways qui encombraient la chaussée, le matériel jamais renouvelé devenant obsolète et son renouvellement trop coûteux. Les cyclistes qui râlaient contre les rails des tramways qui provoquaient fréquemment des chutes lorsqu’ils devaient les traverser. On est loin de tout ça ! On ne se doutait pas que 65 années plus tard, le tram referait son retour sur Saint-Egrève.
De très nombreuses lignes autour de la capitale des Alpes
Fin XIXème et début XXème siècle, la région grenobloise et la ville de Grenoble vont connaître une floraison de compagnies de transport désireuses de créer des lignes de tramway. Outre la ligne Grenoble Voreppe, dès janvier 1895, on pouvait aussi rejoindre Veurey Voroize. Quelques années plus tard, c’est Chapareillan, village situé en limite de la Savoie, que l’on pouvait joindre en traversant plusieurs communes de la rive droite de la vallée du Grésivaudan. Puis il y aura le GVL, le Tram Grenoble / Villard de Lans en 1911 avant qu’on ne puisse aussi relier Bourg d’Oisans (1893/1894). La fin du 19e siècle va connaître ainsi une inflation de projets de création de lignes de tramway avec une trentaine de demandes de concessions pour le département de l'Isère. Toutes ces demandes ne se concrétiseront pas par la création d'une ligne, telle celle qui aurait relié Grenoble à la Grande Chartreuse via le Sappey en Chartreuse.
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En vente au siège de l’association. (Publication de l’association "Histoire et Patrimoine - Vence - Neyron - Cornillon"
1, Casimir Brenier 38 120 Saint-Égrève
Blog : http://transporturbain.canalblog.com/
Blog : http://grenoble-cularo.over-blog.com/
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