En 2020, il fut difficile de monter une équipe municipale. A un an de la prochaine échéance et alors que le maire sortant, Christian Balestrieri, a annoncé qu’il ne se représenterait pas, l’équipe municipale et le Conseil Consultatif des Habitants (CCDH), craignant une carence complète de candidats entrainant une disparition de la commune, ont proposé aux habitants un cycle de sept rencontres et échanges étalées entre novembre 2024 et l’été 2025. Se questionner sur l’avenir de Proveysieux, mobiliser et donner envie, comprendre la nature de la mission sont quelques-uns des objectifs visés par ces rencontres.
La dernière en date avait lieu cette semaine avec comme thème : « comment les élus vivent-ils leur mandat ? ». Face à la crise de l’engagement, au manque de motivation, à la gestion des affaires communes qui peut sembler ardue, voire désagréable pour beaucoup de nos concitoyens, les membres du CCDH ont retroussé leurs manches et, dans cette série de rencontres qualifiée comme inédite pour l’AMI (Association des Maires de l’Isère), ont assuré 26 entretiens. Huit élus actuels et dix anciens de Proveysieux, ainsi que 10 élus d’autres communes de moins de 1000 habitants ont bien voulu répondre, « de manière généreuse » a un questionnaire non directif construit à partir d’une même grille selon quelques questions pertinentes :
· Qu’est-ce qui a amené la personne à candidater ?
· Comment s’est passée l’installation de l’équipe et leur prise de fonction ?
· Quelles sont les activités qu’ils conduisent ?
· Qu’est-ce que ce mandat a modifié dans leur vie personnelle ?
Pendant une heure, Véronique Laforets, sociologue, habitante de Proveysieux et membre du CCDH mais aussi ancienne élue, a fait la synthèse de ces entretiens. L’enthousiasme partagé, le plaisir de construire des projets à plusieurs et de les voir aboutir, les rencontres et échanges étaient au centre des entretiens. Beaucoup ont montré l’attachement et leur lien à la communauté villageoise, « rendre au village ce qu’il m’a apporté ». Beaucoup estiment « avoir fait leur part pour le village », se sont enrichis personnellement et ont pris plaisir à la tâche considérant même le mandat municipal comme « une drogue dure » et surtout un vrai cours d’instruction civique. Ne pas se noyer face à la charge importante, notamment depuis que la commune fait partie de la METRO, beaucoup pensent qu’il faut persévérer même si pour certains « six ans c’est long… ! ». La tache a parfois été plus lourde pour les élues qui doivent jongler entre vie familiale et professionnelle en plus de leur mandat, souvent ciblé autour du scolaire ou du social.
Ces rencontres devraient permettre de tirer une image du village que chacun souhaite dans 6 ans, voire dans 12 ans, et dégager des pistes pour qu’à la faveur des échanges une nouvelle équipe émerge avec le soutien et la transmission des anciens élus.
Une charge importante entrainant des démissions
Frustration ou épuisement, incompréhensions ou conflit, prises de conscience douloureuses peuvent parfois entrainer des décrochages. Une situation que l’on ne retrouve toutefois pas à Proveysieux dans ce mandat puisqu’à un an des élections 13 élus sur 15 participent toujours à l’action municipale. Il peut y avoir des rapports difficiles avec les habitants ou les voisins au vu du changement de statut, et avec les proches en raison de la charge de travail. Il y a aussi l’ingratitude voire « la consommation d’élus, une logique de service », comme il a été dit… Certains, toutefois, ne se retrouvent pas dans le projet politique, mal défini au départ. Et ont pu même considérer « être l’élu qui venait le 15ème de la liste, voire être manipulé… », des exemples non proveysards.
La transmission entre sortants et entrants a été au cœur du débat qui a suivi, un problème qui pourrait se renouveler sous peu, si aucun élu sortant ne repart pour un nouveau mandat. La dernière session de ce cycle de rencontres, programmée pour le début de l’automne, devrait pouvoir éclaircir ce sujet afin, qu’à la faveur des échanges, une nouvelle équipe émerge.
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